Quand Elon Musk se déhanche sur scène, on sait d’emblée que ce n’est pas qu’un simple rapport trimestriel qui nous attend. La réunion des actionnaires de Tesla 2025 s’est avérée moins une austère mise à jour financière qu’un manifeste de science-fiction, débité avec la confiance décontractée d’un homme qui vient de s’assurer un plan de rémunération capable de financer une petite nation. Au menu ? Un trio de produits révolutionnaires, prévus pour une mise en production l’année prochaine : le robot humanoïde Optimus, le Tesla Semi, et le très attendu CyberCab.
La présentation fut un véritable déluge d’affirmations audacieuses, allant de « l’éradication de la pauvreté » grâce aux robots à la possibilité d’envoyer des SMS au volant. Une performance muskéenne typique, brouillant les pistes entre feuille de route visionnaire et champ de distorsion de la réalité. Mais sous ces déclarations qui font les gros titres se cache un plan concret, quoique d’une ambition vertigineuse, visant à transformer Tesla d’un constructeur automobile en un mastodonte de la robotique et de l’IA.
La suprématie d’Optimus : votre futur majordome ou votre nouveau maître ?
Oubliez la simple construction de voitures. La vision de Musk pour Optimus est rien de moins qu’un déploiement à l’échelle planétaire. Il a décrit le robot humanoïde comme potentiellement « le plus grand produit de tous les temps », prédisant que chaque être humain finira par vouloir son propre R2-D2 personnel. À cette fin, Tesla prévoit la « montée en puissance de production la plus rapide jamais vue pour un produit manufacturé complexe de grande envergure », en commençant par une ligne de production d’un million d’unités à Fremont, suivie d’une usine de dix millions d’unités au Texas.
Les applications, selon Musk, sont sans limites.
« Les gens parlent souvent d’éliminer la pauvreté, d’offrir à tous des soins médicaux extraordinaires, » a-t-il déclaré. « Eh bien, il n’y a en fait qu’une seule façon d’y parvenir, et c’est avec le robot Optimus. »
Il a ensuite affirmé qu’Optimus serait à terme un meilleur chirurgien que n’importe quel humain, avec une précision « au-delà de l’humain ». Dans une digression plus baroque, il a même proposé une « forme humaine de confinement » pour les criminels, où une unité Optimus se contenterait de les suivre pour prévenir de futurs crimes. Un agent de probation robotisé personnel – qu’est-ce qui pourrait bien mal tourner ?
Argent infini et téléversement cérébral
Les implications économiques, selon Musk, sont ahurissantes. Il a qualifié Optimus de « faille à fric infini », capable d’augmenter l’économie mondiale d’un facteur 10, voire 100. Une affirmation audacieuse, qui positionne le robot non pas comme un simple produit, mais comme un multiplicateur économique fondamental.
Cette ambition court en parallèle avec la course aux robots humanoïdes, où les concurrents réalisent également des avancées significatives. Pas plus tard que la semaine dernière, XPENG a fait des vagues avec ses propres designs de plus en plus réalistes, une histoire que nous avons couverte dans Translation not available (fr) . La course pour créer un humanoïde convaincant et performant est clairement en train de s’intensifier.
Mais la vision s’étend bien au-delà du simple travail physique. Interrogé sur le potentiel de téléchargement de la conscience humaine dans un corps Optimus, Musk n’a pas cillé. Il a suggéré qu’avec l’aide de Neuralink, créer un « instantané » de l’esprit d’une personne et le télécharger sur un robot pourrait devenir possible en moins de 20 ans. L’immortalité, semble-t-il, est désormais inscrite sur la feuille de route des produits.
Pendant ce temps, sur nos routes…
Pour ne pas oublier que Tesla fabrique toujours des engins à roues, des mises à jour majeures sont à venir pour la gamme automobile. Le CyberCab, un robotaxi spécialement conçu sans volant ni pédales, devrait entrer en production en avril 2026. Musk a décrit son processus de fabrication comme étant plus proche de celui de l’électronique grand public que des voitures traditionnelles, visant un temps de cycle de moins de 10 secondes par véhicule en sortie de chaîne.
Cet avenir autonome est alimenté par la prochaine génération de silicium de Tesla. Musk a lancé une pique directe à la concurrence, affirmant que la nouvelle puce interne AI5 offrirait des performances comparables à une puce Nvidia Blackwell, avec un tiers de la consommation d’énergie et moins de 10 % du coût. « Je suis à fond sur les puces en ce moment », a-t-il admis. « J’ai les puces dans le cerveau. Je rêve de puces. »
Peut-être plus controversé encore, Musk a déclaré que le Full Self-Driving (FSD) devenait si performant que l’entreprise était « presque à l’aise » à l’idée de permettre aux gens d’envoyer des SMS au volant. Il a suggéré que cette fonctionnalité pourrait être activée dans un mois ou deux, en attendant un examen des statistiques de sécurité, arguant que c’est ce que les gens veulent faire de toute façon. Les régulateurs auront sûrement leur mot à dire sur cette « application qui tue ».
Un trio de choc en production
Pour résumer, Tesla se prépare à une poussée de production sans précédent en 2026 :
- Optimus : Ligne de production initiale à Fremont, avec une usine géante de 10 millions d’unités/an prévue au Texas.
- CyberCab : La production démarre en avril 2026 au Texas, conçu pour une efficacité de fabrication extrême.
- Tesla Semi : Le camion électrique tant attendu entrera également en production l’année prochaine.
La réunion des actionnaires de 2025 fut un spectacle étourdissant d’ambition. Musk a esquissé un avenir où les robots humanoïdes de Tesla remodèlent la main-d’œuvre, où ses taxis autonomes dominent le transport urbain et où son matériel d’IA établit la norme de l’industrie. Reste à savoir s’il s’agit d’un aperçu prophétique de la prochaine décennie ou d’une performance magistralement orchestrée pour maintenir les investisseurs en haleine. Mais une chose est sûre : on ne risque pas de s’ennuyer.






