Dans un monde où les robots humanoïdes affichent généralement des prix dignes d’un acompte pour une petite maison, Booster Robotics vient de jeter un pavé dans la mare. L’entreprise a officiellement lancé son humanoïde K1, une “plateforme de développement d’intelligence incarnée d’entrée de gamme”, pour un prix de départ de seulement 4 999 $. Pour le présenter au monde, ils l’ont fait exécuter les pas de danse de Michael Jackson. Il ne s’agit pas du béhémoth typique de plusieurs millions de dollars financé par la DARPA ; c’est un robot bipède tarifé pour le commun des mortels – ou du moins, pour ceux des laboratoires universitaires et des départements R&D.
La question, bien sûr, est de savoir si un robot à cinq mille dollars peut faire plus que danser. Booster semble le penser. Le K1 n’est pas positionné comme un produit fini, mais comme une toile blanche. C’est une plateforme matérielle sur laquelle d’autres peuvent construire, destinée directement à l’éducation, aux compétitions de robotique et aux démonstrations. Cette stratégie est un signal clair : la valeur ne réside pas seulement dans le matériel, mais dans ce que les développeurs peuvent lui apprendre à faire.
Sous le capot du K1
Passons sans tarder aux données techniques essentielles. Le Booster K1 mesure un peu moins d’un mètre de haut (95 cm) et pèse 19,5 kg, un poids tout à fait gérable. Il est conçu pour être suffisamment portable pour être transporté dans une seule valise, prêt à l’emploi dès sa sortie de l’emballage. À l’intérieur de ce cadre compact se trouvent 22 degrés de liberté, lui conférant une amplitude de mouvement respectable et humaine pour marcher, s’équilibrer et, comme nous l’avons vu, se déhancher.
La véritable histoire, cependant, est celle de son cerveau. Le K1 est propulsé par un NVIDIA Jetson Orin NX, offrant jusqu’à 117 TOPS de puissance de calcul IA. Ce n’est pas seulement pour exécuter des routines de danse préprogrammées. C’est une puissance suffisante pour gérer des tâches d’IA complexes comme la reconnaissance d’objets, l’interprétation de commandes vocales et l’apprentissage par renforcement – tout cela étant traité sur l’appareil lui-même.
La suite de capteurs est ce que l’on attend d’une plateforme de recherche moderne :
- Une caméra de profondeur 3D pour la perception et la navigation.
- Une IMU à 9 axes pour éviter les chutes spectaculaires.
- Un réseau de microphones pour les commandes vocales et la localisation sonore.
- Prise en charge de ROS, Python et C++, le rendant accessible à une large base de développeurs.
Avec une autonomie d’environ 50 à 80 minutes en marche, il a suffisamment d’énergie pour une solide session de laboratoire ou un match de RoboCup.

Bien plus qu’un simple robot bon marché
Un prix inférieur à 5 000 $ est une véritable rupture, mais cela fait partie d’une stratégie plus large pour Booster Robotics. La mission déclarée de l’entreprise est d’« unir les développeurs pour faire évoluer la productivité », en concentrant ses premiers efforts sur la recherche scientifique et l’éducation. Le K1 est le point d’entrée accessible, une version plus légère de leur modèle T1, plus robuste. Bien que le K1 ait la moitié de la puissance articulaire du T1, il partage la même philosophie de conception.
Cette philosophie met l’accent sur la résilience et l’ouverture. Nous avons vu à quel point le Booster T1 de qualité industrielle est un robot difficile à faire tomber, comme le montre notre précédent article Booster T1 : Le Robot Qui Refuse de Rester à Terre—Se Relève en 1 Seconde Chrono (Ou Moins !) . Ce même esprit de création de plateformes durables et conviviales pour les développeurs est évident ici. En fournissant un SDK robuste et une compatibilité avec des environnements de simulation comme Isaac Sim, Booster invite la communauté robotique mondiale à jouer dans son bac à sable. C’est une vision que nous avons entendue en écho au Humanoids Summit de Londres, où l’accent était clairement mis sur la construction d’un écosystème, et non pas seulement d’un seul matériel Le grand rendez-vous technologique d'ICRA 2025 .
La démocratisation de l’IA incarnée
Alors, qu’est-ce que tout cela signifie ? Le K1 ne va pas rivaliser avec l’Atlas de Boston Dynamics de sitôt. Il n’est pas conçu pour soulever des charges lourdes ou naviguer dans des zones sinistrées. Au lieu de cela, son impact se fera probablement sentir dans les centaines de laboratoires universitaires et de startups qui étaient auparavant exclues de la recherche en robotique humanoïde en raison de leur coût.
Pendant des années, les progrès de l’« IA incarnée » – une intelligence qui apprend de l’interaction physique avec le monde – ont été entravés par le coût élevé du matériel. En abaissant drastiquement la barrière à l’entrée, le K1 pourrait accélérer considérablement la recherche et le développement. Davantage d’étudiants, de chercheurs et de passionnés auront accès à une plateforme physique pour tester leurs algorithmes d’IA, ce qui mènera à une innovation plus rapide dans tous les domaines, de la locomotion à l’interaction homme-robot.
Bien sûr, le K1 est un pari. Il parie qu’une plateforme matérielle “suffisamment bonne” entre les mains de nombreux est préférable à une plateforme “parfaite” réservée à quelques-uns. C’est un mouvement audacieux, mais s’il porte ses fruits, nous pourrions voir beaucoup plus de robots faire le moonwalk – et peut-être, juste peut-être, repousser les frontières de l’intelligence artificielle par la même occasion.






